Huchuy Qosqo – « Seule l’Histoire n’a pas de fin … »
Pasion Andina

Mystique, inattendu, étonnant, dépaysant, subjuguant, …

Les qualificatifs ne manquent pas, à l’heure d’évoquer le site d’Huchuy Qosqo. Et pourtant, revenir sur ce trek de la vallée sacrée et décrire cette expérience de deux jours est loin d’être une mince affaire au moment de se pencher sur son clavier. Par où commencer ? Comment retranscrire et résumer en quelques lignes, en quelques mots, une aventure si complète, si riche …

L’histoire d’un voyage certes … mais également un voyage en soi. Un voyage à travers l’histoire ! Car plus qu’une épreuve d’endurance et qu’une pratique touristico-sportive, partir à la découverte du « Petit Cuzco » c’est avant tout marcher dans les pas des Incas et plus particulièrement de l’un des plus connus d’entre eux : Hatu Tupac Inca alias « Viracocha Inca ». Huitième souverain inca, il fut le premier à procéder à une politique d’intégration à l’empire des territoires conquis lors de batailles militaires plutôt que de les abandonner comme il était de coutume. Un changement de politique et de gouvernance qui lui valut de rester dans les mémoires, d’étendre pour la première fois de façon conséquente les frontières du territoire Inca et d’accentuer un peu plus son image déjà charismatique du fait du nom qu’il s’était choisi : Viracocha, dieu créateur dont il se considérait comme divin descendant.

Qui eut cru au moment de notre départ que nous partions sur les traces d’un souverain si important ? Soyons honnête, surement pas moi ! Huchuy Qosqo aurait donc un lien avec les lignées impériales des Incas ?!! C’est le cas en effet, mais de quelle nature ? Pour le comprendre, il est important de rappeler quelques éléments de l’époque. Au début du XVème siècle, l’Amérique Latine se trouve occupée par différentes ethnies et civilisations précolombiennes toutes animées d’une soif de conquête. Parmi celles-ci on retrouve bien évidemment les Incas, implantés dans la région de Cuzco mais pas seulement ! Occupant les actuels départements de Huancavelica, Ayacucho et Apurimac, les Chancas représentent également à l’époque une civilisation plus qu’importante. Souhaitant comme beaucoup étendre sa domination et accroitre son territoire, la confédération Chanca envahit dans les années 1400 le territoire des Quechuas puis continue sa série de conquêtes jusqu’à arriver en 1438 aux portes de Cuzco.

Bien qu’à la tête d’une incroyable armée, Viracocha Inca, affaiblit par l’âge, considère la résistance comme difficile. Plutôt que l’honneur et la lutte pour défendre l’illustre capitale du Tawantinsuyo, celui-ci choisit la fuite et part en direction de l’une de ses citadelles de la Vallée Sacrée : Huchuy Qosqo. Empruntant alors les sentiers de ce qui reste encore aujourd’hui le « Camino Inca », Viracocha emmène avec lui son fils Urco, désigné comme successeur pour le trône de l’empire. Empire dont il entend reconstituer une nouvelle capitale au sein de cette citadelle des environs d’Urubamba. D’où sa signification en quechua : « le petit Cuzco » Abandonnant derrière lui Cuzco, véritable symbole de la civilisation Inca, ainsi que son deuxième fils, Cusi Yupanqui, Viracocha n’imagine alors nullement ce qui va se passer dans les semaines suivants son acte. Refusant de céder si facilement le cœur de la culture, des traditions et de l’histoire Inca, Cusi Yupanqui, accompagné des officiers les plus renommés du royaume décident de lutter et de défendre coute que coute leur « nombril du monde ». Après d’âpres combats, leurs troupes finissent par prendre le dessus sur les Chancas. Aidés par plusieurs tribus voisines, Cusi Yupanqui et ses hommes vont même jusqu’à poursuivre leurs ennemis bien plus loin que la simple région de Cuzco. Reprenant un à un les territoires conquis par les Chancas, ils finissent par les mettre totalement en déroute et étendent les frontières de l’empire jusqu’au lac Titicaca.

Cusi Yupanqui ou Pachacutec

Accueilli en fanfare à son retour au sein de la capitale du Tawantinsuyo, Cusi Yupanqui est alors plébiscité et reconnu par tous comme le nouveau souverain. Rebaptisé « Pachacutec », il restera l’acteur le plus important de l’histoire Inca du fait de l’extension, de l’incroyable organisation et de l’ampleur qu’il impulsa à l’empire. A tel point qu’à l’issue de son règne, la fuite de son père et de son frère ainsi que leur citadelle des environs d’Urubamba passa presque aux oubliettes. La preuve en est aujourd’hui au moment de s’intéresser aux treks proposés par les agences de voyages ou à écouter les récits des archéologues locaux expliquant les difficultés qu’ils rencontrèrent durant leurs investigations pour retrouver et localiser précisément ce site dont ils avaient entendu parler au sein de la Vallée Sacrée.

Situé à 3600m d’altitude et restant inaccessible par la route, Huchuy Qosqo obligent tous ceux se lançant dans l’aventure à passer un col à 4400m au cours d’une journée de minimum 6h de marche depuis Tauca. Visiter cette citadelle oubliée et atteindre ce site légendaire reste donc une récompense qui se mérite ! Mais se retrouver seul au milieu d’un lieu ayant tant marqué l’une des périodes clées de la civilisation Inca et franchir au coucher du soleil la porte exceptionnellement bien conservée de cette cité perdue a-t-elle réellement un prix ?

Le site d’Huchuy Qosqo

On pourrait argumenter longtemps quant à l’intérêt de visiter un tel site, à l’importance historique et patrimoniale d’une telle citadelle … Mais au terme de cet article l’unique citation qui me revient en tête reste en réalité la suivante

« L’histoire est utile non pour y lire le passé, mais pour y lire l’avenir. »

Filippo Pananti

Et comme chaque homme est une histoire qui n’est identique à aucune autre, Huchuy Qosqo n’attend qu’une chose : découvrir la vôtre…

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Jhoswe Castro

Comments

15 novembre 2018
[…] comme nous l’évoquions dans notre article sur Huchuy Qosqo (https://pasionandina.com/seule-lhistoire-na-pas-de-fin/ ), l’histoire en décida autrement. En 1432, les Chancas, rivaux du peuple Inca sont aux portes de […]

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